Shadura A.S.,
psychothérapeute de l'enfant et de la famille

Quand un adolescent se révolte : qui est à blâmer et que faire ?

L'écrasante majorité des personnes qui sont devenues parents, d'une manière ou d'une autre, sont confrontées à des protestations ou à la désobéissance de leurs enfants. Et pour l'adolescence, un tel comportement est généralement considéré comme normatif. Parfois, les phénomènes de protestation se développent progressivement, parfois - soudainement et de manière complètement inattendue, mais dans les deux cas, les parents semblent infondés et incompréhensibles. Dans cet article, je vais essayer de faire la lumière sur ce qui arrive aux adolescents en vieillissant et de donner quelques conseils pratiques aux parents sur la façon de traverser l'âge "difficile" avec le moins de perte pour les relations et la santé. Et je vais commencer par un bref aperçu de ces caractéristiques d'âge que chaque parent doit prendre en compte lorsqu'il interagit avec son enfant.

Le corps de chaque enfant change constamment.

Ce processus se déroule avec des degrés d'intensité variables, mais il est normalement continu et parfois abrupt. Ce sont les lois de la nature. Parfois, la croissance physique se déroule si rapidement que les parties du cerveau et du système nerveux en général, qui sont responsables du contrôle émotionnel, ne suivent pas le rythme. Imaginez que vous avez fait du vélo hier et que vous vous asseyez aujourd'hui au volant d'une voiture pour la première fois. Également sur roues, il y a un volant et des pédales, mais pour conduire sans accident, il faut du temps pour développer de nouvelles compétences. Parce que la voiture est beaucoup plus difficile à contrôler et roule plus vite, même si c'est aussi un véhicule. Également une personne en pleine croissance a besoin de temps pour s'habituer, s'adapter à un nouveau corps, et à ce moment l'enfant devient très mal à l'aise, parce que son caractère change soudainement : soit il explose pour des bagatelles, puis se tait, comme un partisan, puis se plaint à chaque occasion, puis répond grossièrement, etc. etc. Et comme cela ne dure pas un jour ou deux, il semble aux parents que l'enfant le fait exprès, ce qui est totalement inacceptable ! Et plus les exigences et les attentes des parents sont strictes, plus les collisions sont fortes et plus les conséquences pour les relations familiales sont graves. Les parents pensent que puisque l'enfant est si grand, il devrait maintenant être grand en tout. Chers parents, cela n'arrive pas ! Il est généralement courant que les humains combattent les forces de la nature, mais je ne me souviens pas d'un cas où quelqu'un a réussi à arrêter une éruption volcanique ou un typhon.

Autre remarque importante : la croissance physique entraîne la libération d'énergie, ce qui entraîne l'apparition dans l'organisme de stress neuropsychiques de formes et d'intensités diverses. Et une telle tension nécessite nécessairement une sortie. A chaque âge, chaque enfant développe sa propre manière d'aplanir cette tension, en se tournant d'abord vers ceux en qui il a confiance : ses parents. Les pleurs assez inoffensifs d'un bébé peuvent, au fur et à mesure que l'enfant grandit, être remplacé par des cris et des jurons, lancer et casser des objets (parfois coûteux), des conversations constantes ne comprennent pas quoi ... Les parents sont souvent surpris: "Pourquoi se comporte-t-il bien avec les étrangers, mais nous traite comme ça comme si nous étions des ennemis "?! La réponse est très simple : Parce que votre enfant vous fait toujours confiance et espère que vous pourrez le supporter et l'aider à surmonter l'état qu'il ne comprend pas vraiment lui-même. Alors préparez-vous à votre question innocente : « Que vous est-il arrivé ? » vous recevrez en réponse un regard incompréhensible, un brusque "Rien", "Je ne sais pas", ou une tirade grossière dépliée. Dans les intonations rugueuses de l'enfant, en règle générale, il n'y a pas de mauvaise volonté, mais il y a une incapacité temporaire à contrôler sa tension intérieure et ses réactions. Et au fait, vous, un parent, contrôlez-vous toujours et partout votre humeur et vos réactions ? C'est ça. Mais vous êtes déjà une personne vraiment adulte et vous servez de modèle pour les enfants. Si vous regardez de près les comportements de votre adolescent, vous pouvez facilement voir votre reflet en eux. Comme le dit le proverbe, "les oranges ne naîtront pas du tremble"...

L'adolescent a surtout besoin d'une confirmation de sa valeur.

Par conséquent, par exemple, il lui est difficile d'admettre ses échecs ou son tort. Il peut vraiment penser que le monde entier est contre lui, il peut se sentir injustement évalué. C'est particulièrement difficile si, au fond de son âme, l'enfant n'est pas sûr de ses forces, de ses capacités, de ses valeurs. Cette insécurité en elle-même apporte beaucoup de souffrance à l'adolescent. Et il est très important pour lui de pouvoir parler de ses doutes et de ses peurs. Mais en vous racontant ses expériences, votre enfant recherche avant tout l'acceptation et la sympathie, mais pas l'évaluation. Et nous, les adultes, commençons souvent par elle : « Tu ne comprends pas tout comme ça », « Tu as tout fait pour changer quelque chose ? Etc. N'oubliez pas de demander si votre enfant veut entendre votre évaluation avant de juger. Et dans tous les cas, exprimez-le très soigneusement (et avec précision, car le flou des réponses augmente l'anxiété), et seulement après avoir exprimé de la sympathie et, le cas échéant, compris : "Je vois comme c'est dur pour toi", que tu es fort tu t'en soucies "," Je vois que c'est important pour toi "," Peut-être que j'ai aussi vécu quelque chose de similaire, et je peux imaginer à quel point il est difficile de le comprendre "," Je sympathise avec toi ", " Dis m'en plus "... Prenez le temps d'écouter, même si vous n'en comprenez pas bien tous les sens. Croyez-moi, c'est très important pour votre enfant!

Certains enfants sont caractérisés par une estime de soi si instable qu'ils ne sont pas capables d'admettre ouvertement leur erreur ou leur tort flagrant. Ils sont tout simplement incapables de s'excuser.

Parfois, un adolescent, peu de temps après une scène orageuse avec des insultes, vient juste vers vous avec une question, comme si de rien n'était. Parfois, il essaie de flatter. Parfois, il va et vient, indiquant sa présence et ne disant rien. Et le parent attend des excuses, ou du moins un aveu de culpabilité. Et il est très offensé et en colère, et il lui semble que l'enfant n'est pas inquiet, se comporte de manière grossière, et est encore plus en colère ou offensé de son impuissance parentale, en s'isolant de l'enfant, qui à ce moment a besoin de ses parents. aider plus que jamais, car lui aussi s'inquiète, mais n'est pas encore capable de surmonter ses complexes... Ici un parent a besoin de beaucoup de souplesse pour, d'une part, transmettre à l'enfant ses propres sentiments, et autre, de ne pas le repousser avec sa grossièreté ou son détachement. Et ici, il n'y a pas de place pour des recommandations générales : des enfants différents nécessitent des approches différentes...

Une autre remarque importante.

Nous, les adultes, voulons que nos enfants nous respectent. Mais vous êtes-vous déjà demandé d'où vient le respect ?

Il n'y a aucune preuve concluante que le respect est génétiquement transmis. C'est donc un produit de l'éducation. Et il est élevé, tout d'abord, par l'attitude parentale les uns envers les autres, les gens autour et envers l'enfant lui-même. Si vous voulez que votre enfant vous respecte, respectez ses besoins, ses opinions, ses envies, son espace personnel. Respecter un enfant (comme toute autre personne) ne signifie pas du tout se livrer à tout et obéir à tous ses caprices. Respecter signifie reconnaître le droit de l'enfant à ses désirs, opinions, besoins, comme ayant une valeur propre qui ne dépend pas de vous. Ils peuvent très bien ne pas coïncider avec les vôtres, mais, reconnaissant leur importance et leur droit d'exister, nous obtenons le droit d'exprimer nos droits, nos besoins et nos désirs. Et nous, en tant que parents, devons engager des discussions avec l'enfant, être d'accord ou en désaccord, rechercher des arguments, comprendre les arguments de l'enfant et, ainsi, l'aider à développer une attitude consciente (consciente) envers la réalité, envers nous-mêmes et envers les autres, en développant la même attitude et en vous-même. Discuter et se disputer constamment avec vos enfants est extrêmement difficile, mais il n'y a pas d'autre moyen de respecter et de renforcer la confiance. La coercition peut provoquer une soumission temporaire, mais le véritable respect d'un enfant pour lui-même et pour les autres ne peut être développé que par le dialogue.

Pour aider à adoucir la période difficile de croissance intense de votre enfant et renforcer votre relation avec lui, essayez ces conseils :

• Ne discutez jamais de problèmes sérieux lorsque vous ou votre enfant êtes émotionnellement excité ou simplement de mauvaise humeur. Si votre mauvaise humeur est devenue chronique et que toute tentative de parler calmement mène au scandale, contactez un adolescent ou un psychologue familial : vous avez déjà besoin d'un médiateur.
• Permettre à l'enfant de manifester son mécontentement et d'argumenter : cela l'aidera à relâcher les tensions et ensuite à faire ce qui est requis ou nécessaire. Et ne blâmez pas l'enfant d'être malheureux, de ne pas vouloir quelque chose, ou de se disputer tout le temps "pour des bagatelles": en faisant cela, vous ne faites que construire un mur entre vous.
• Parlez à votre enfant de votre empathie pour ses difficultés et de votre conviction qu'il sera capable de les surmonter. Même en vous prouvant activement que tout ne va pas et que vous ne le comprenez pas, il a besoin de votre sympathie active: après tout, il ne comprend souvent pas lui-même ce qui ne va pas chez lui.
• N'insistez pas pour que l'adolescent vous explique à chaque fois les raisons de sa grossièreté : le plus souvent, il ne comprend vraiment pas d'où ça vient. Aidez-le à trouver des mots et des phrases qui vous conviennent pour exprimer ses sentiments.
• Ne vous focalisez pas sur les intonations de l'enfant : c'est le plus difficile de les contrôler, essayez de réagir au sens des propos et posez des questions de clarification si vous ne comprenez pas ce qui se passe : « Est-ce que je vous ai offensé avec quelque chose ? « Êtes-vous contrarié(e) par quelque chose » ? "Es-tu fatigué aujourd'hui"? Mais ne vous emballez pas trop avec eux: après tout, un adolescent ne comprend souvent pas ce qui ne va pas chez lui, et trop de questions peuvent provoquer des irritations ...
• Soyez prudent lorsque vous comparez votre enfant à vous-même : d'une part, votre enfant n'est pas votre copie exacte, et d'autre part, il vit à une autre époque et avec d'autres parents, et ne peut donc pas se comporter et ressentir le même âge que vous.
• Ne comparez jamais votre enfant avec d'autres enfants, apprenez à l'accepter tel qu'il est en ce moment, car ce n'est que dans ce cas que vous avez une chance de l'aider à devenir meilleur.

« Sonya a eu 15 ans quand elle a commencé à me mentir », se souvient Elena, 45 ans. - Elle s'est enfermée dans sa chambre et a parlé pendant des heures au téléphone avec ses amis. Je ne savais pas quoi faire. La fille n'a pas répondu à mes questions et ne m'a rien dit d'autre. Je me sentais terriblement impuissante : tout le temps je présentais des images terribles de ce qui allait certainement lui arriver. Et j'ai complètement arrêté de dormir." Elena a essayé plus d'une fois de parler à son mari, mais il n'a pas pris ce qui se passait au sérieux. Il l'écarta : « Arrête d'agir comme une poule ! « Il a dit que nous devions donner plus de liberté à notre fille, lui faire confiance, poursuit Elena, sinon elle n'apprendra jamais à assumer la responsabilité de ses actes. J'ai senti qu'il ne me comprenait tout simplement pas." Un an plus tard, Elena a décidé de venir consulter un psychologue. La plupart des mères perçoivent la moindre tension dans les relations avec un enfant avec plus d'acuité que les pères. "Cela est dû au fait qu'une femme porte un enfant et qu'il, même ayant mûri, peut rester la personne la plus proche d'elle", explique l'analyste jungienne Anna Skavitina. Mais lorsqu'une femme ressent une incompréhension de son mari, il lui est difficile de partager ses expériences avec d'autres personnes proches - parents, amis. Elle a honte du comportement de l'enfant, honte de son impuissance, peur de la condamnation et de l'incompréhension, et elle-même essaie de faire face à ses sentiments de culpabilité. En conséquence, elle reste complètement dévastée. Néanmoins, la catastrophe naturelle que devient parfois l'adolescence peut être surmontée sans perte grave.

L'implication du père

De nombreuses mères adolescentes, mariées ou non, se sentent seules. « Il arrive que les pères aient peur du comportement incontrôlable de l'enfant, de la force de ses émotions, auxquelles ils sont inévitablement confrontés lorsque les enfants grandissent », explique Anna Skavitina. - Pour faire face à leurs propres peurs, ils s'éloignent souvent des problèmes, arrêtent de les remarquer et les repoussent. Par conséquent, il est tellement important qu'une femme aide son mari à s'impliquer dans une nouvelle situation familiale. » «Parfois, une mère a littéralement l'impression d'être avec son enfant», explique la psychologue pour enfants Marina Bebik. "Afin de préserver cette proximité importante pour elle, elle se met (souvent inconsciemment) entre l'enfant et son père." Même si une telle structure s'est développée dans la famille, lors de l'adolescence des enfants, les parents devraient (enfin) décider de la changer. Ne serait-ce que parce que les adolescents en ont besoin. Après tout, ils ne commettent souvent leur bêtise que pour unir leurs parents.

"Il est plus facile pour les hommes que pour les femmes de voir une personne séparée dans un enfant", explique Anna Skavitina. - Ils sont prêts à offrir à leurs enfants plus d'indépendance, d'autonomie dont les adolescents ont tant besoin. Cette position du père aide la mère à abandonner le fantasme de sa toute-puissance." C'est beaucoup plus difficile pour les mères qui élèvent seules des enfants. "Dans ce cas, le rôle du père peut être symboliquement transféré à un ami de la famille, un parent aîné, un psychologue, un enseignant", explique le psychothérapeute Yuri Frolov. "La communication avec l'un de ces hommes aidera l'adolescente à surmonter cette période douloureuse, et la mère lui permettra de s'éloigner un peu de la situation, de la regarder avec un nouveau regard." C'est utile pour trouver une solution à un problème ou simplement se calmer, refroidir le feu des passions.

Avoir une question?

Écouter

Nous ne percevons pas toujours les « messages » que nos proches nous envoient - et après tout, leur décodage nous aiderait à mieux les comprendre ! "Par exemple, en entendant les paroles du grand-père," La petite-fille marche dans l'eau, "vous devriez regarder de plus près la fille", poursuit Marina Bebik. Nos experts conseillent : Faites attention aux changements dans le discours et le comportement de votre adolescent. A son agacement et à ses exclamations (« J'en ai marre de tout ! », « Je suis juste con ! »), de mauvaises notes, une perte d'appétit ou de l'anxiété (est-ce qu'il se drogue ? Est-ce qu'il commence à déprimer ?). Certains parents sont aidés à constater de tels changements dans le temps avec un cahier dans lequel ils notent leurs observations, leurs doutes, leurs craintes. « Tenir un tel journal ne signifie pas que les parents espionnent leur enfant, explique Marina Bebik. "Mais grâce à cela, ils apprennent à être attentifs aux détails, ce qui les aide à remarquer la différence entre un comportement démonstratif et le signal SOS dans le temps." Se teindre les cheveux en bleu est un acte démonstratif. Mais si un adolescent s'est rasé la tête et l'a peint avec des signes, cela peut être un appel à l'aide... Les actions démonstratives aident les enfants à s'affirmer, à tâtonner leurs limites. Mais un appel à l'aide est une tentative d'un adolescent d'attirer l'attention des autres, de leur dire à quel point il va mal et de faire face d'une manière ou d'une autre à sa souffrance. »

Pour lâcher l'enfant

"Quand un enfant atteint l'âge de 9-10 ans, une mère doit réfléchir au type de relation qu'il entretient", explique Yuri Frolov. - Si le lien entre eux est trop fort (semblable à une fusion), cela peut à l'avenir se transformer en problèmes. À l'âge de 13-15 ans, et parfois même plus tôt, tous les adolescents ressentent le besoin de se séparer de leurs parents (en particulier de leur mère), de nouer de nouvelles relations avec les adultes et de devenir des personnes plus indépendantes. Et plus la proximité affective avec la mère est forte, plus il leur est difficile de se séparer." Dans les cas particulièrement difficiles, cet écart apporte tellement de douleur qu'il se traduit par divers symptômes : anorexie, différents types d'addictions (drogues, alcool), comportements à risque dangereux pour l'adolescent et son environnement... moi-même : est-ce que j'en attends trop de mon enfant ? - Marina Bebik est d'accord. « Est-ce que je l'utilise pour remplir ma vie émotionnelle ? »

Vera, 43 ans, la mère de Mikhail, 23 ans "La confiance m'est revenue"

« Misha a grandi comme une enfant joyeuse, ouverte et très vivante. Il compose de la musique, dessine avec plaisir, joue au tennis et à la natation. Il a toujours eu beaucoup d'amis. Et il a également grandi de manière très indépendante - il était important pour mon mari et moi qu'il se sente libre. Son adolescence a coïncidé avec notre divorce : mon mari a beaucoup bu et notre relation s'est détériorée... C'est peut-être pour cela que j'ai raté un moment important, alors qu'il y avait encore une opportunité de maintenir la confiance entre moi et mon fils adulte. Il sentait que son père venait en premier à moi - je voulais vraiment vraiment garder la famille unie. Le fils a commencé à attirer notre attention du mieux qu'il pouvait - avec ses singeries. Il s'est enfui de chez lui, a cessé d'étudier à l'école, à l'âge de 12 ans, il est allé seul à Saint-Pétersbourg, en train, - nous le cherchions depuis longtemps. Lorsque mon mari et moi nous sommes finalement séparés, Misha a commencé à me voler de l'argent, à mentir constamment et, à un moment donné, a commencé à consommer des drogues douces. Il m'a semblé que je perdais la tête : je n'avais pas la force de briser le cercle vicieux du vol, de l'"herbe", de l'impolitesse et de la proximité. J'étais en panique - au lieu de comprendre les raisons de son comportement et d'essayer de négocier avec lui, de comprendre la situation, je n'arrêtais pas de lui crier dessus et dans tout ce que je limitais sa liberté - la même que celle que j'avais enseignée auparavant. Et il a menti et m'a échappé. Les rencontres avec un psychologue n'ont pas aidé non plus. J'étais juste désespérée, et en même temps, j'étais détruite par un sentiment de culpabilité. Une fois, alors que je lisais un livre, une pensée simple m'est venue : regarder la situation de l'extérieur. J'ai concentré toute ma colère sur mon fils et mon ex-mari. Et il ne m'est tout simplement pas venu à l'esprit de penser à moi - suis-je vraiment si impeccable ? J'ai été tout simplement choqué quand j'ai réalisé que j'étais un dictateur qui exige à la fois de mon fils une soumission et une indépendance totales dans la prise de décision. À ce moment-là, un ami a suggéré que mon fils et moi allions dans un monastère du nord de la Russie. Nous n'étions pas croyants, mais nous y sommes allés. Du coup, mon fils s'y plait, il s'est lié d'amitié avec des novices... et nous y sommes restés : j'ai travaillé, lui aussi, et étudié en tant qu'étudiant externe. Nous sommes retournés à Moscou trois ans plus tard. Le fils est allé à l'université, mais il n'a pas aimé ça. Il maîtrisait le métier de cuisinier et fut invité à travailler dans un restaurant respectable. L'année dernière, je suis tombée gravement malade et j'ai été longtemps à l'hôpital. J'ai eu le temps de réfléchir à ce qui s'était passé entre nous. J'ai réalisé que pendant toutes ces années, je ne pouvais pas accepter le fait que mon fils n'était pas ma propriété, mais une personne distincte avec ses opinions, ses pensées et ses sentiments. Peu à peu, j'ai compris que je devais le laisser partir, lui donner une vraie liberté - la liberté de choix. Ce n'était pas facile pour moi d'accepter à la fois mon fils et moi-même. Mais la confiance m'est revenue. Et ça me donne la force de vivre. »

Enregistré par Natalia Kim

À propos de ça

"Du côté d'une adolescente" de Françoise Dolto

Un livre profond et délicat d'un psychanalyste français sur le monde intérieur et la croissance des adolescents (Rama Publishing, 2010).

"Ton adolescent troublé" de Robert Bayard, Jean Bayard

Le meilleur livre pour les parents désespérés. Ses auteurs, thérapeutes familiaux et parents de cinq enfants, expliquent comment les adultes peuvent améliorer les relations avec les adolescents en changeant les relations les uns avec les autres. Un livre vivant, sincère et digne de confiance (Academic Project, Mir Foundation, 2011).

Désarmer l'agressivité

Toute manifestation de violence chez les adolescents est le signe d'un trouble mental profond. "Il n'y a pas de violence dans une famille sans raison !" - soulignent les experts. Si un adolescent est impoli, grossier ou utilise des mains, cela signifie qu'il est convaincu qu'il est lui-même victime de violence - dans la réalité ou dans son propre fantasme. "Peut-être que les parents n'ont tout simplement pas laissé suffisamment d'espace à l'enfant pour qu'il se sente autonome, et l'adolescent s'est rebellé contre de telles restrictions, les considérant comme une invasion de leur territoire", explique le psychothérapeute Xavier Pommereau. "Son agressivité est définitivement une réponse." Que faire si un adolescent se met à crier, à taper contre le mur, à jeter des objets par terre ? Comment réagir pour l'aider à évacuer le stress et éviter le danger ? Selon Xavier Pommero, « lors d'une dispute, il ne faut pas l'approcher à moins d'un bras. Il vaut mieux rester à deux mètres : c'est ainsi que vous montrez à l'adolescent que vous respectez son territoire personnel. S'il est en situation de conflit de franchir cette frontière, il peut involontairement la percevoir comme une manifestation d'agression et réagir en conséquence. »

Autre conseil : il vaut mieux ne pas avoir une conversation tendue dans la cuisine, où les ustensiles de cuisine ou l'eau bouillante peuvent être à portée de main. Utilisez le langage corporel pour désamorcer la situation. « Quand on se dispute, on se lève par réflexe, on se redresse de toute sa hauteur, note Xavier Pommero. - Lors d'une scène d'agression, les parents sont mieux lotis, au contraire, asseyez-vous en premier. Cette action sera une proposition de trêve, un signal pour se calmer - après tout, quand nous sommes assis, nous ne pouvons pas nous battre. » Qu'est-ce qui ne vaut vraiment pas la peine d'être fait ? Regardez dans les yeux d'un adolescent lors d'une querelle et exigez-lui la même chose. « Un regard direct est perçu comme une agression. C'est pourquoi de nombreux adolescents se cachent derrière une capuche, se couvrant le visage de mèches de cheveux. Ils ne veulent pas être "compris". Si vous vous sentez ennuyé, détournez le regard. N'empêchez pas votre adolescent de quitter la pièce pour se calmer. Vous pouvez continuer la conversation une autre fois." « Ne culpabilisez pas, si vous voulez clarifier quelque chose, posez des questions claires », explique Marina Bebik. "Soyez sincère et ouvert." Mais si un adolescent commence néanmoins à exprimer son agressivité en action - il essaie de pousser ou de saisir sa main, il faut agir. "Nous devons lui expliquer clairement et fermement qu'il est allé au-delà de ce qui était autorisé et vous ne le tolérerez pas", conseille Yuri Frolov. "Discutez-en avec lui plus tard, quand il se calmera." Dans de tels cas, il vaut la peine de contacter un spécialiste (psychothérapeute, psychologue) le plus tôt possible afin que la violence ne devienne pas le langage de communication habituel dans la famille.

Décider pour une consultation

Beaucoup de mères ne demandent pas d'aide pendant longtemps, essayant de se convaincre que la situation est difficile, mais pas désespérée. « Il est temps de vous tourner vers un psychologue si vous sentez que vous êtes incapable de faire face à la situation, que les problèmes d'un adolescent occupent trop de place dans votre vie et que vous ne savez pas quoi faire ensuite », estime Anna Skavitina. "Vous devrez peut-être rencontrer plusieurs spécialistes pour trouver quelqu'un qui peut vraiment vous aider." Ne vous précipitez pas, cependant : ce qui peut sembler être un échec, un recul, est en fait un élément important du processus thérapeutique. Et nous devons toujours nous rappeler que les enfants ne sont pas de l'argile malléable entre nos mains, mais des individus à part entière, des personnes indépendantes qui sont destinées à construire leur vie séparément de nous.